4.1 Agriculture

Aperçu

En tant que secteur primaire, l’agriculture est l’un des secteurs économiques les plus anciens et les plus importants. Elle représente en effet les différentes formes d’utilisation agricoles de la surface de la Terre. Près d’un tiers de la superficie de l’Euregio Meuse-Rhin est utilisé pour l’agriculture, l’agriculture détermine donc l’espace. Dans ce cadre, l’espace est d’une part, directement modifié par l’homme, par exemple par des champs, et d'autre part, indirectement utilisé par l’homme, par exemple pour l'élevage. On peut ici distinguer l’intervention active de l’homme sur la nature et sa modification en fonction de ses besoins et une forme d’entretien et de préservation de l’espace naturel. Le fait que l’espace agricole dépende à la fois des conditions géomorphologiques et climatiques est un autre facteur déterminant. Il fait en effet apparaître l’interdépendance entre l’homme et l’environnement, mais également la dépendance des hommes par rapport aux conditions régionales. Ce chapitre explique d’une part, les facteurs naturels déterminants, les différentes formes d'utilisation et leurs conséquences sur l’environnement et les formes d’agriculture qui cherchent à devenir moins dépendantes des conditions environnementales. À l’aide d’exemples, les élèves identifient les liens, les facteurs déterminants et les interdépendances entre un secteur économique et l’environnement dans l’espace défini. Ils apprennent également à connaître les corrélations entre le secteur primaire et tertiaire en mettant en avant des dépendances au sentier, en identifiant les processus de transformation et en établissant un lien direct avec leur quotidien.

Objectifs

L’objectif de ce chapitre est de faire prendre conscience aux élèves des facteurs qui déterminent l’utilisation agricole des espaces de l’Euregio Meuse-Rhin et la production dans cette région, de les familiariser avec le terme de régionalité et de leur faire découvrir les produits régionaux et leur transformation et commercialisation. Les élèves doivent trouver un lien direct entre leur quotidien et le secteur primaire et comprendre l’importance de ce secteur pour les relations entre l’homme et l’environnement.

Compétences

Les compétences suivantes sont renforcées :

• la capacité à analyser les relations entre l’homme et l’environnement dans des espaces géographiques de différents types et superficies
• la connaissance des sources, formes et stratégies d’information géographiques/géoscientifiques pertinentes
• la capacité à trouver les informations pour répondre à des questions d’ordre géographique/géoscientifique
• la capacité à analyser les informations pour répondre à des questions géographiques/géoéconomiques

Concepts de base

Le contenu du chapitre 4.1 est à situer au niveau de la géographie humaine et physique, en particulier au croisement des relations entre l’homme et l’environnement. Il est donc principalement axé sur le niveau régional et aborde des préoccupations locales. Il traite également des trois concepts de base que sont la fonction, le processus et la structure. Le concept de la fonction est abordé par le biais de la signification et de l’importance de l’agriculture pour notre société, mais également par son influence sur l’espace géographique. Le concept de processus est abordé en analysant la transformation des produits et le développement de l’agriculture dans l’Euregio Meuse-Rhin. Enfin, le dernier concept est abordé par la décomposition structurelle des conditions naturelles et par les différentes formes d’utilisation agricole de la terre.

Certains textes contiennent des mots compliqués. Utilise des dictionnaires en ligne pour t’aider à comprendre ces mots. Essaie Linguee, dict.cc ou DeepL. Recherche par exemple la signification des mots suivants :

• Espace naturel
• Type de sol
• Forme de sol
• Conditions naturelles

Dans cet exercice, les élèves doivent d'abord comprendre les textes d’informations assez complexes contenus dans les clickpoints. Les réponses pour les différents produits présentés dans la galerie sont plus ou moins difficiles à trouver en fonction des espaces naturels. La Hesbaye convient particulièrement bien, car la plupart des produits sont cités dans le texte.

Structures des surfaces : la forme/l’aspect de la couche supérieure (surface).

Conditions atmosphériques : la météo à un moment donné dans une région définie.

Moyenne montagne : une montagne qui ne dépasse pas une altitude définie, mais qui présente également une altitude minimale.

Assurant un bon rendement : qui assure de bonnes récoltes

Conditions environnementales : une situation définie induite par l’environnement.

Cultures spéciales : plantes qui ne peuvent pas être cultivées partout, car elles ont besoin de conditions particulièrement et que leur production est également plus coûteuse et prend plus de temps.

Certains textes contiennent des mots compliqués. Utilise des dictionnaires en ligne pour t’aider à comprendre ces mots. Essaie Linguee, dict.cc ou DeepL.

Les cultures spéciales concernent des variétés de plantes qui ont des besoins particuliers et qui sont cultivées de manière ciblée. Contrairement aux cultures classiques comme les céréales, qui sont cultivées sur de grandes surfaces, les cultures spéciales poussent sur de plus petites parcelles. Elles ont souvent des besoins particuliers en matière de croissance et nécessitent des conditions spéciales pour pousser de manière optimale. Il peut s’agir des propriétés du sol, du climat, de l’irrigation ou de la protection contre les parasites. Les agriculteurs doivent donc accorder une plus grande attention aux méthodes de culture et d’entretien de ces cultures.

Les Romains cultivaient déjà la vigne dans la vallée de la Meuse et cette culture y est encore pratiquée aujourd'hui. La vigne est cependant une plante très exigeante. C’est pourquoi elle peut uniquement être cultivée dans certaines régions, en tout cas si l’on souhaite obtenir de bons raisins. Elle a besoin d’un bon sol, d’être plantée sur des coteaux, d'avoir suffisamment de soleil et d’être à l’abri du vent. Dans l’EMR, il n’y a que quelques endroits qui réunissent toutes les conditions pour la culture de la vigne.

Petites parcelles : correspond à de petites superficies.

Besoins en matière de croissance : certaines conditions doivent être réunies pour qu’une plante pousse.

Propriétés du sol : la composition du sol.

Parasites : il s’agit d’animaux ou de plantes qui nuisent à l’homme, par exemple en détruisant les cultures de fruits.

Dans cet exercice, il s'agit pour les élèves d’apprendre l’analyse géographique. On peut par exemple constater ce qui suit :

• Les surfaces agricoles ont des formes régulières, anguleuses ou arrondies.
• Les surfaces agricoles ont différentes couleurs.
• Les lisières des champs sont plantées d’arbres et de haies ou non.
• Sur les surfaces, on trouve des arbres/ensembles d’arbres ou non.
• Les constructions (maisons, fermes, etc.) sont clairement séparées des surfaces agricoles ou non.

L’exploration de ces différents éléments sur les photos constitue la base pour des questions pertinentes concernant le type d’utilisation agricole :

• Est-ce que les surfaces régulières indiquent des champs, des pâturages ou des exploitations forestières ?
• Est-ce que les différentes couleurs donnent des indications sur une utilisation pour différentes plantes comme les céréales, les plantes sarclées, les fruits à coque ou les fourrages ?
• Etc.

Le nombre d’exploitations agricoles en Ostbelgien a fortement diminué au cours des dernières années. En 1980, il y a avait encore 2 729 exploitations. En 2008, il n’y en avait plus que 835 et en 2021, elles n'étaient plus que 596. (Données trouvées sur : https://ostbelgienstatistik.be/desktopdefault.aspx/tabid-3729/6734_read-38807/ [12.12.2022].)

Les élèves peuvent conclure ce qui suit :

• Représentation des informations fournies dans l’aperçu :
  - Baisse de 28,5 % du nombre d’exploitations dans tout le canton de St. Vith.
  - Baisse la plus importante enregistrée entre 2088 et 2014
  - Tendance durable : en 1980, il y avait encore 4 fois plus d’exploitations agricoles.
• La baisse du nombre d’exploitations ne signifie pas qu’il y a moins d’agriculture. Souvent, les exploitations changent de type et de méthode de gestion. Facteurs d’influence :
  - Taille de l’exploitation
  - Nombre de personnes employées dans l’exploitation
  - Utilisation de technologies
• Concernant les changements dans l’agriculture :
  - Les parcelles deviennent plus grandes : Informations sur l’Allemagne ici : « 14 % des exploitations exploitent ainsi 62 % de l’ensemble des surfaces agricoles [...]. »
  - Transition vers une agriculture écologique : Informations ici : « Le nombre d’exploitations bio a augmenté de 9 900 (+ 60 %) par rapport à 2010. »

Les éléments suivants doivent permettre de différencier les élevages conventionnels des élevages écologiques. Il s’agit d’abord d’identifier les critères qui permettent de mettre en évidence la différence :

• Efficacité (quantité et qualité) des produits commercialisés
• Utilisation d’engrais minéraux, de produits phytosanitaires industriels et de médicaments
• Circuits fermés
  
• Rapport entre la production de plantes et d'animaux (animaux par unité de surface
  
• Conditions d'élevage des animaux
• etc.

Les contenus de l’encadré « Approfondissement » décrivent un exemple de nouvelle économie reprenant les critères de l’agriculture écologique en Ostbelgien :

• Respect des animaux en tant qu’êtres vivants (gestion des vieilles poules)
• Élevage qui respecte les besoins des animaux (sortie quotidienne dans les prairies)
• Fourrages de haute qualité

Ces critères de l’élevage de volailles peuvent donner lieu à une discussion en classe et à la recherche d’autres informations pour approfondir le sujet : Quelles sont les directives pour un élevage qui respecte les besoins animaux pour les volailles ? Qu’entend-on exactement par fourrages de haute qualité ? Etc. Il est possible de faire appel aux exploitants agricoles pour obtenir des données/informations supplémentaires.

Que signifie l’agriculture conventionnelle ?

L’agriculture conventionnelle est axée sur un rendement élevé. Cela signifie qu’en plus des engrais naturels comme le lisier, on utilise également des engrais synthétiques pour que les plantes poussent rapidement et en grand nombre et pour que des sols qui ne conviennent pas toujours aux cultures puissent être utilisés. Il existe cependant un risque que les engrais polluent les nappes phréatiques et d’autres cours d’eau. Dans l’agriculture conventionnelle, on cultive généralement peu de variétés en les alternant rapidement sans cultures intermédiaires. En raison de la spécialisation sur une ou quelques plantes, il faut acheter moins de machines, mais le risque d’attaque de parasites est plus important. Cela explique pourquoi on utilise souvent des pesticides qui permettent d’assurer la récolte. Pour travailler le champ, on utilise généralement de grosses machines agricoles qui permettent d'économiser de la main-d'œuvre et de gagner du temps. C’est ce que l’on appelle la mécanisation, celle-ci entraîne cependant une densification du sol. Cette forme d’exploitation d’un champ est également appelée agriculture intensive.

L’agriculture conventionnelle a pour but d’obtenir une récolte maximale et se concentre le plus souvent sur des plantes pour lesquelles la demande est élevée. La priorité est donnée à l’économie et au capital.

Que signifie l’agriculture écologique ?

Dans l’agriculture écologique, la priorité est donnée à une culture durable en harmonie avec la nature. Cela signifie que les sols doivent être préservés au maximum, mais aussi nourris. L’agriculture écologique utilise uniquement des engrais naturels et l’utilisation de produits phytosanitaires chimiques, par exemple pour éliminer les parasites, est également interdite. Pour assurer la fertilité du sol, la rotation des cultures ainsi que plusieurs phases d’engrais verts sont très importantes. Pour ce type de cultures, il faut souvent de grandes parcelles. L’exploitation des parcelles se fait le plus souvent avec de la main-d'œuvre à la place des grosses machines agricoles afin de préserver le sol. Cette forme d’agriculture est également appelée agriculture extensive. En raison des coûts plus importants de cette forme d’agriculture, les prix de la plupart des produits sont également plus élevés, ce qui dans certains cas est cependant compensé par une meilleure qualité des produits. Les mesures susmentionnées pour but de réduire au maximum l’intervention sur la nature tout en permettant une alimentation par l’agriculture. Au supermarché, les aliments issus de l’agriculture écologique sont souvent pourvus du label correspondant comme le label « Bio » par exemple.

L'élevage commence dans le champ. Les champs sont non seulement importants pour l’alimentation humaine, mais également pour la production de fourrages pour les animaux d'élevage. Pour cela, on utilise non seulement les terres agricoles, mais également en grande partie les prairies permanentes. À côté de l'élevage directement dans les pâturages, c’est-à-dire le broutage des animaux sur place, les prairies permanentes permettent également de produire du foin et de l’ensilage. L’ensilage décrit l’herbe emballée de manière étanche et qui se conserve durant les mois d’hiver grâce au processus de fermentation que cela déclenche.

Les porcs, les poules et les bœufs sont les animaux que l’on élève le plus dans l’Euregio Meuse-Rhin. Ils sont élevés d’une part comme animaux destinés à la production de viande. Cela signifie qu’ils sont abattus et que leur viande est ensuite transformée ou vendue. D’autre part, les poules sont également utilisées pour la production d'œufs et les bœufs, ou plus exactement les vaches, pour la production de lait. Dans l’Euregio Meuse-Rhin, on élève également des moutons et des chèvres pour produire de la viande, de la laine et du lait.

Dans l'élevage aussi, il y a différentes façons de pratiquer l’agriculture. Alors qu’ici aussi, l’agriculture conventionnelle a pour objectif principal la réussite économique, l’agriculture écologique s’efforce de mieux veiller au bien-être animal et à la protection de l’environnement.

Dans l’agriculture conventionnelle, on parle donc souvent d'élevage intensif. En effet, les animaux sont souvent élevés dans des espaces restreints afin d’utiliser moins de surface et de pouvoir élever plus d’animaux. Dans ce mode d'élevage, les maladies se propagent plus rapidement, c’est pourquoi, des médicaments comme des antibiotiques sont souvent mélangés à la nourriture des animaux à titre préventif. Pour la production de lait par exemple, on utilise de grandes machines à traire de manière à réduire la main-d'œuvre nécessaire. Les fourrages pour les animaux sont souvent achetés à l’extérieur et viennent rarement de la production propre des exploitations, car celles-ci sont souvent spécialisées dans une production, par exemple la production de lait.

L’agriculture écologique est plutôt axée sur un circuit fermé. Les fourrages utilisés sont produits de manière écologique par les exploitations elles-mêmes. Le nombre d’animaux par unité de surface est réduit de manière à ce que les animaux puissent bouger librement. Dans le cas des vaches, les animaux se nourrissent directement dans les prairies durant l'été et reçoivent uniquement le foin ou l’ensilage préparé l'été durant les mois d’hiver lorsqu’elles sont dans l’étable. Le fumier est directement épandu sur les champs pour améliorer la fertilité du sol et les cultures.

L’exploitation à Kettenis illustre un concept que l’on observe dans de nombreuses régions avec un ancrage et un mode de production régionaux plus forts :

• le lien étroit entre l’homme et l’animal
  
• Production avec des fourrages régionaux et d’autres matières premières
• Regroupement de plusieurs offres qui s’adressent directement aux clients : production de fromage et de lait, commercialisation régionale et vente directe (magasin de ferme), gastronomie, offres ludiques pour enfants, etc.

Marque : Les marques sont des symboles, des inscriptions, des termes, des designs ou une combinaison de tout cela. Elles identifient les produits d’une entreprise et permettent ainsi de les distinguer des produits concurrents.

Commercialiser : proposer un produit et en faire la promotion.

Neutralité climatique : L’action humaine n’a aucun impact sur le climat.

Commerce équitable : Signifie un commerce contrôlé dans le cadre duquel le producteur reçoit un salaire minimum défini. Ce contrôle est effectué par une organisation de commerce équitable.

En 1985, la politique agricole commune a commencé à se préoccuper des impacts de l’intensification de l’agriculture sur l’environnement. Les « MAE », telles qu’on les appelle dans le jargon, ont été créées au milieu des années 1990 et ont commencé à montrer leurs effets à partir de l’an 2000. Les « MAEC » aujourd'hui connues sous le nom de « Mesures Agro-environnementales et Climatiques » sont des indemnités financières accordées aux agriculteurs qui s’engagent à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement. Ces mesures comprennent la préservation des arbres et des haies, la plantation de pâturages apicoles, la gestion naturelle des prairies, l’installation et l’entretien de mares, la préservation de vergers à hautes tiges et de races d’animaux locales, ...

Cette page permet de télécharger une brochure pdf en français de 60 pages sur le pays de Herve et ses formes particulières de paysages. La brochure est intitulée « Comprendre, savourer, protéger les paysages du Pays de Herve » (2019) et comprend de nombreuses représentations graphiques claires, notamment concernant le « bocage ».

Le podcast « Bonjour Wallonie – Südbelgien entdecken » parle également des aliments et des produits agricoles connus de la région. Écoute cet épisode.

Les élèves peuvent intégrer les informations et les connaissances suivantes dans leur sujet audio :

Climat/météo :

• près de la Mer du Nord et de l’Atlantique --> env. 75 % des conditions climatiques sont influencées par la mer.
• généralement pas de phénomènes climatiques extrêmes pour les températures et les précipitations
• sècheresses rares, précipitations réparties de manière plus régulière sur les douze mois de l’année que dans d’autres régions d’Europe centrale

Sol :

• sols (de loess) argileux et riches en nutriments (plutôt dans le nord-ouest de l’EMR : conviennent à la culture de plantes dans l'agriculture intensive, par exemple aux céréales)
  
• sols calcaires (plutôt au sud-est de l’EMR : pâturages)
• sols (de loess) légers (plaines fertiles de Jülich et de Zülpich : champs de céréales et de betteraves sucrières)
• terre grise (Campine : sols sablonneux et pauvres en nutriments : presque pas de cultures, mais un paysage de landes et de forêts de pins).

Particularités des fermes :

• baisse du nombre d’exploitations agricoles (E 26)
• augmentation de la diversité des méthodes de production, des produits et des relations avec les clients (diversification)
• diffusion accrue des méthodes (également isolées) et des critères de l’agriculture écologique (circuits fermés, rapport équilibré entre les fourrages et les animaux, moins/absence d’utilisation de produits phytosanitaires chimiques et d’engrais minéraux)

Les produits et leurs particularités

• des exemples concrets sont souvent cités, notamment par rapport aux critères précédents : utilisation de céréales anciennes, fermes avec des élevages qui respectent les besoins des animaux (poules, chèvres, voir E 30 et 31).

Commercialisation

• de plus en plus de vente directe
• Près de 100 produits sont pourvus du label régional « Made in Ostbelgien » (E 34)
• Initiative de commerce équitable